Une lutte à mort

Coordonner et organiser la destruction des loups, c’est la mission que confie Charlemagne aux « lieutenants de louveterie », en 813.
Cette mission s’étend peu à peu, sous l’Ancien Régime, à tous les animaux nuisibles. C’est Napoléon qui fixera les règles, très strictes, de la louveterie moderne. De nos jours, les lieutenants de louveterie sont des bénévoles, nommés par le préfet et leur charge consiste à traquer, piéger ou empoisonner un éventail d’espèces très variées.

Encouragée par des primes et par l’autorisation donnée aux paysans de s’armer, l’extermination devient massive à partir de la Révolution. On peut estimer à 2000 par an le nombre de loups tués au 19e siècle. Dans l’Ain, l’étude des archives relatives aux primes et aux battues permet de comptabiliser au moins 838 loups abattus entre 1790 et 1844, chiffre qui ne reflète qu’une partie du tableau de chasse.

Dès la seconde moitié du 19e siècle, les loups survivants sont cantonnés à quelques régions isolées puis disparaissent totalement. Un dernier loup fut rencontré et tué dans l’Ain, à Injoux-Génissiat, en mars 1956.
L’ours bénéficie d’un capital de sympathie supérieur car il n’est jamais anthropophage. Cela n’a pas empêché son éradication, au même titre que le loup. Peu belliqueux et peu fécond, il a été rapidement refoulé vers les zones montagneuses difficiles d’accès. Dangereuse à l’époque où l’on ne disposait pas d’armes à feu, elle gagne des adeptes passionnés tel Joseph-Marie Grosfillex (1806-1863), qui aurait tué plus de 25 ours sur le territoire de la commune de Gex de 1840 à 1856.

Le dernier ours du Jura fut tué en 1861, par un chasseur de Divonne et le dernier ours du département de l’Ain fut aperçu à Anglefort le 1er février 1903. C’est probablement le même animal qu’on abat trois semaines plus tard près d’Allevard, en Savoie.

La louveterie

Les livres de chasse du 14e siècle, comme celui de Gaston Fébus, comte de Foix, désignent le loup comme l’adversaire par excellence, plus redoutable encore que l’ours. Dès le Moyen Age, on organise aussi des battues, qui peuvent rassembler plusieurs centaines d’hommes : à grands cris et roulements de tambour, on rabat les loups vers des chasseurs professionnels, qui les poursuivent et les abattent. Le bilan de ces battues, qui mobilisent des moyens exceptionnels, peut se monter à 200 loups tués.

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