Les propriétaires du château de Romans au fil des siècles
Des origines à la famille de Varax
Les sources relatives à l'origine de la seigneurie de Romans sont rares et incertaines. Selon Samuel Guichenon, le doyenné de Romans fut donné à Berno, abbé de Cluny en l'an 400(1). Louis Aubret avance l'hypothèse qu'une partie de Romans fut la propriété de l'abbaye de Cluny dans le courant du Xe siècle, suite à une donation faite par Ingerberge, femme de Guillaume, comte d'Aquitaine(2). Cette donation fut confirmée par un nommé Hugues, roi d'Italie, en 949, puis par le pape Grégoire V en 985 et enfin par le roi Rodolphe en 998. Les abbés de Cluny y fondèrent un doyenné qui fut par la suite rattaché à celui de Salles en Beaujolais(3).
Selon Edouard Philipon, la partie du fief de Romans située en Bresse dépendait du domaine primitif des sires de Bâgé(4). Au XIIIe siècle, Romans était intégrée à la terre de Varax, sous la suzeraineté des comtes de Savoie. Le premier représentant connu de cette famille est Ulrich de Varax, vivant entre 1250 et 1272, qui rendit hommage à Amé de Savoie pour ce qu'il possédait à Saint-André-le-Bouchoux, Saint-Paul-de-Varax et Romans(5). Cette reconnaissance fut renouvelée en 1280 par Henri (ou Ulrich) de Varax et Etienne, son fils, et, en 1303, par Guillemette de Presilly, veuve d'Etienne de Varax(6). Aux alentours de 1320, Girard de Varax, dit La Guêpe, démembra la terre de Varax et attribua Romans à Guillaume de Varax, son frère, qui en fut le premier seigneur(7). Le plus ancien terrier de Romans identifié est un rouleau de parchemin datant de 1336. Malheureusement, ce document n'est pas arrivé jusqu'à nous(8). D'après l'aveu et dénombrement donné au duc de Savoie par Etienne de Varax le 5 octobre 1418, Romans comptait 150 maisons entourées de murailles, trois portes, deux places publiques, un doyenné et un chapitre de chanoines. Cette petite ville aurait été brûlée et détruite par les guerres civiles. Les hommes et vassaux du seigneur de Romans étaient hommes liges, taillables, mainmortables et de servile condition. Chaque feu devait au seigneur deux gelines, les tailles, les corvées et autres droits de coutume(9).
Comme plusieurs de ses voisines, la seigneurie de Romans avait la particularité d'être assise sur les pays de Bresse et de Dombes. La paroisse de Romans, dont le clocher et la majeure partie des terres se situaient en Bresse, possédait toutefois, au sud, le fief de Villette et, à l'ouest, les fiefs de Clerdan, Le Chapuis et Bassole, qui dépendaient de la souveraineté de Dombes(10). A l'opposé, la paroisse de Saint-Georges-sur-Renon, dont le clocher était en Dombes, ne possédait qu'une partie de son territoire en Bresse. La paroisse du Bouchoux, incluant le fief de Gerlan, rattachée de tous temps à la seigneurie de Romans, était, quant à elle, entièrement en Bresse(11). Le morcellement des terres nobles entre les Maisons de Savoie puis de France (pour la Bresse), de Beaujeu puis de Bourbon (pour la Dombes) imposait donc aux seigneurs de rendre un double hommage en fonction de la situation géographique de leurs biens(12). Ils devaient par conséquent témoigner de leur vassalité, c'est-à-dire de leur soumission, à deux suzerains rivaux, pour ne pas dire ennemis. A l'époque où la famille de Varax tenait Romans en fief, cette particularité n'a pas manqué d'entraîner quelques escarmouches. Traditionnellement fidèle aux comtes de Savoie, cette famille dut à plusieurs reprises subir les attaques du prince de Dombes. Louis Aubret en releva d'ailleurs plusieurs anecdotes(13) :
La même année [1277] finit une guerre qu'il y avoit eu depuis longtemps entre nos princes et Henri [Ulrich] et Guespe de Varas, père et fils. […] Henri et Guespe de Varas se départirent de tous les dommages qu'ils demendoient à notre princesse et à Louis, son fils, pour 80 têtes de gros bétail qui avoient été enlevées dans leur terre pendant cette guerre, du temps d'Humbert [de Beaujeu] père de notre princesse et de 1000 livres viennoises qu'ils estimoient les autres dommages qui leur avoient été faits ; ils se départirent encore d'un mas qu'on appeloit la terre de Saint-Pierre ; ils prétendoient encore que le châtelain de Chalamont, avec ses hommes, leur avoit fait pour 30 livres de dommages, dont ils se départirent pareillement, aussi bien que de l'injure qu'on leur avoit faite et du déshonneur qu'ils avoient reçu parce que Mr de Beaujeu avoit fait prendre et arrêter Henri de Varas et l'avoit tenu quelques temps prisonnier de guerre […].
En récompense de toutes ces cessions et de cet hommage, madame la comtesse de Forez, dame de Beaujeu et ses enfants Guy, comte de Forez, et Louis, seigneur de Beaujeu, quittèrent Mr de Varas de toute la haine et rancune qu'ils avoient contre eux et de tous les dommages qu'ils leur avoient fait jusqu'à ce jour là(14).
Antoine de Varax, chevalier, seigneur de Romans et Claude de Liarens, seigneur de Glareins, vinrent la nuit pour surprendre le château du Châtelard [en Dombes] et l'escalader, mais ils n'y purent entrer et ils laissèrent leurs échelles aux murs et dans les fossés de cette place. Après quoi, en se retirant, ils pillèrent la plupart des habitants et emmenèrent plusieurs prisonniers, dont ils retirèrent de grosses rançons et ils battirent si fort un nommé Montblein, qu'il en mourut. Madame se plaignit de cette nouvelle insulte au duc de Savoie dont ces seigneurs étoient vassaux […] Le duc de Savoie désavoua le procédé de ces seigneurs et promis de leur faire faire leur procès ; mais Charles de Bourbon, voyant que ce duc ne s'empressoit pas à lui rendre justice, envoya assiéger le château de Romans, qu'il prit et garda assez longtemps(15).
[En 1453], Antoine de Varax, seigneur de Romans, chevalier, Antoine de Martignac et plusieurs autres vinrent attaquer le château de Bézeneins où étoient noble Fromentin du Saix et Claude Rosset, son gendre, mais n'y pouvant entrer, ils vomirent mille injures contre ce seigneur et menacèrent de le maltraiter, le dimanche 9 septembre, dont on informa le lendemain 10 du même mois, comme d'une injure faite au prince et à sa souveraineté(16).
Louis Aubret mentionne également l'incendie du château de Romans par les hommes du prince de Dombes, vers 1459-1460, en représailles d'exactions commises par le duc de Savoie et le prince de Piémont(17). Ce fait peut aussi se vérifier à l'article 248 J 47 où l'on apprend, non seulement que le château a brûlé en 1440 et 1460, mais qu'en outre une partie des titres d'Antoine de Varax, seigneur de Romans, périt dans ces incendies.
La seigneurie de Romans resta aux mains de la famille de Varax durant plus de 250 ans avec quatorze seigneurs recensés(18). Elle fut ensuite portée par une branche annexe, mais toujours issue du même lignage, jusqu'en 1629.
Par testament du 8 juillet 1547, Philibert de Varax amena en héritage la terre de Romans à Anatoile de la Baume, dit Moricaud, qui devint en 1549, époux d'Isabeau de Varax, sœur de Philibert. De ce mariage contesté, qui vit l'union d'un ecclésiastique de Saint-Vincent de Chalon et d'une religieuse du couvent de Neuville-les-Dames, furent issus deux fils, Aymé et Claude de Varax dits de La Baume, qui devinrent co-seigneurs de Romans à la mort de leur mère, en 1579(19). En 1603, Claudine de Ponceton, veuve d'Aymé de Varax, fit une reprise de fief pour la seigneurie de Romans, le fief de Villette et une partie de Saint-André-le-Bouchoux, le tout en toute justice. Cette reprise de fief nous apprend notamment qu'il y a une maison forte audit Romans et point aux Bouchoux, qu'une grange, ledit lieu étant d'ailleurs tout désert et la plupart convertie en bois(20). Claudine de Ponceton transmit la seigneurie à ses deux fils, Pierre Marc et Edme Hector de Varax dit de La Baume. En 1629, Pierre Marc, ayant survécu à ses frères, fit son testament en faveur de Claude de Ponceton, seigneur de Francheleins, son cousin germain(21).
Les familles de Ponceton et de Lyobard
D'après la généalogie donnée par Humbert de Varax sur la famille de Ponceton, on sait que celle-ci est connue depuis 1377 et qu'elle donna plusieurs marchands et échevins à la ville de Villefranche entre 1398 et 1480(22). Guillaume de Ponceton, cité de 1483 à 1528, fonda la branche des seigneurs de Francheleins dont descendit Claude de Ponceton, seigneur de Romans. Celui-ci porta le titre de bailli de Dombes en 1619 et le grade de capitaine d'infanterie au régiment de Persan en 1621. Cette même année, il épousa Jeanne de Montconys. Il décéda en 1638(23).
Jeanne de Montconys, veuve de Claude de Ponceton et tutrice des héritiers en bas-âge, prit le titre de dame de Romans et fit sa reprise de fief en 1653(24). A son décès, en 1662, Jean de Ponceton, dernier fils de Claude, devint seigneur de Romans pour quelques mois seulement, jusqu'en décembre 1663. Au final, ce fut Claude II de Ponceton-Varax, fils aîné, qui reçut le titre de seigneur de Francheleins, Villette, La Verne, Le Bouchoux et Romans. Cornette au régiment du marquis de Chappe en 1650 puis lieutenant-colonel au régiment d'Aumont, il servit aux sièges d'Ypres, d'Arras, de Sainte-Menehould et de Belfort(25). Ce passé militaire explique peut-être les termes employés par l'Intendant Bouchu, en 1666, pour définir le personnage :
Le château de Romans appartient à Claude Poncetton, seigneur de Francheleins, bailly de Dombes, gentilhomme faisant profession des armes, estimé riche de 7000 livres de rente ou environ, tant en Bresse qu'en Dombes. Fort rigoureux aux habitants, ayant exigé sur eux lorsqu'il a levé avec son frère des troupes de cavalerie, fait faire des corvées par force et des allées, s'appropriant le bien du particulier et maltraitant les sieurs curés qui y ont été, n'ayant cessé qu'ils n'eussent quitté la paroisse jusque à les faire insulter dans l'église même du Romans(26).
Claude II de Ponceton fut marié à deux reprises. Il épousa en premières noces Gabrielle Bouton, fille du baron de Chamilly, le 14 octobre 1661, puis en secondes noces Marie de Monspey, le 1er février 1679(27). En 1663, il acquit une partie de Saint-André-le-Bouchoux (partagée du Bouchoux) qui consistait en une rente noble, des droits de justice et un grangeage. Il en fit l'aveu et dénombrement, avec la terre de Romans, le 31 juillet 1671(28). L'année 1663 marqua aussi le terme d'un procès qui dura 132 ans entre les différents seigneurs de Romans et les héritiers d'Hugues de La Palud sur la propriété de la terre de Varax. L'affaire se solda par une renonciation pure et simple des prétentions du seigneur de Romans en échange d'une somme de 12 000 livres promises par les héritiers(29). Claude II de Ponceton testa le 8 novembre 1679(30). Les conditions de son testament et la transmission de son héritage à Alexandre, son frère, sont expliquées par Humbert de Varax :
Claude de Ponceton testa le 8 novembre 1679, devant Tournier. Il faisait héritier universel l'enfant, si c'était un mâle, dont sa femme était enceinte. Il lui substituait, si c'était une fille, Alexandre de Ponceton, frère du testateur, à condition qu'il épouse une demoiselle de qualité. Si cette condition n'était pas respectée, il lui substituait, pour les terres de Romans et Le Bouchoux, Claude François de Lyobard, sieur de Brion, époux de sa nièce, Claudine de Ponceton, ou s'il mourait, son fils Claude, filleul du testateur. Marie de Monspey, étant veuve, accoucha le 26 décembre 1679, d'un fœtus mâle, qu'elle fit aussitôt ondoyer par le curé de Saint-Georges-de-Reneins « par le cas de nécessité », comme le précise son extrait baptistaire. Etait-il bien vivant ou viable à la naissance ? L'affaire était importante. Si oui, sa mère héritait de lui, et par ce biais de son mari. Si non, l'héritage devait être revendiqué par son frère Alexandre, ou les autres héritiers substitués. On mit le fœtus dans l'alcool, pour permettre de l'étudier. Le 2 janvier 1680, des dames matrones, ayant analysé la qualité du lait des seins de la dame accouchée, firent un rapport déclarant que l'enfant pouvait avoir plus de sept mois de conception et être viable. Par contre des spécialistes médicaux ayant examiné le fœtus déclarèrent le 9 janvier au bailliage de Beaujolais qu'il ne pouvait avoir que cinq mois et n'était pas viable. Les juges tranchèrent. Le Parlement de Dombes déclara le 23 février 1680 que les biens de Dombes étaient dévolus à Alexandre, frère de Claude. Le 28 août 1680, le bailli de Beaujolais prit la même position pour les biens de Beaujolais(31).
Alexandre de Ponceton ne fit qu'un court séjour au château de Romans puisqu'il le vendit en 1682, avec les seigneuries du Bouchoux, de Saint-Georges-sur-Renon, La Verne et Villette, à Claude François de Lyobard, baron de Brion et de Bussy, qui en fit la reprise de fief en 1689(32). Ce dernier transmit ses biens à son fils, Claude de Lyobard, au milieu des années 1690. Le 4 mars 1718, Claude de Lyobard vendit à Claude César Ferrari, conseiller du Roi et receveur général du Clergé de Lyon, les terres et comté de Romans, du Bouchoux, Gerland, Villette et Saint-Georges-sur-Renon, situées dans la province de Bresse et pays circonvoisins, les justices, haute, moyenne et basse desdites terres, fiefs, rentes nobles, droits seigneuriaux et honorifiques, château, maisons, domaines, moulins, thuilière, bestiaux, prés, terres, bois, étangs, forêts(33).
Arrivée et activité de la famille de Ferrari à Lyon
La Maison de Ferrari semble prendre source au XIIe siècle dans la ville de Milan. Le généalogiste Nicolas Viton de Saint-Allais dressa une liste aussi impressionnante qu'invérifiable d'hommes illustres issus de ce lignage. Selon lui, les guerres civiles et étrangères dont l'Italie de l'époque fut le théâtre aurait contraint cette famille à étendre ses ramifications dans différents pays. S'appuyant sur les travaux de l'historien Gaspard Bugat, Nicolas Viton de Saint-Allais explique qu'une partie de la branche milanaise de Ferrari se fixa dans la ville de Buzala, dans l'Etat de Gênes, où elle fut remarquée parmi la haute noblesse de cette république. Un rameau de cette branche génoise s'établit en Autriche où Joseph, comte de Ferrari, fut nommé, en 1733, page de l'impératrice. Un autre rameau vint s'installer en France(34). Il débuta en la personne d'André Ferrari, dont le fils Jean-Baptiste et le petit-fils Bernard de Ferrari dit Buzalin, furent respectivement inscrits sur les livres de la noblesse de Gênes en 1528 et 1555. Marié à Paule Rebuffo, fille d'un noble génois, Bernard de Ferrari vint s'établir à Lyon et obtint des lettres de naturalisation du roi Henri III(35). Comme de nombreuses familles italiennes depuis le XVe siècle, les Ferrari adoptèrent la cité lyonnaise afin d'y développer des activités bancaires et commerciales. Maîtres des mécanismes économiques de l'époque et du trafic des marchandises avec le Levant, ces familles contribuèrent à la prospérité économique de la ville. « L'italiénisation », pour ne pas dire la colonisation de Lyon par ces familles, se fit aussi ressentir au niveau de l'industrie, où des corps entiers de métiers furent entre les mains d'Italiens, ainsi qu'au niveau des activités culturelles et architecturales, avec la construction de palais, de résidences secondaires, de monuments ou d'églises. En matière de culte, les colonies italiennes se répartissaient les églises en fonction de leur origine géographique. Les Génois adoptèrent et embellirent l'église des Carmes des Terreaux. C'est d'ailleurs à cet endroit que fut inhumé Bernard de Ferrari, le 3 avril 1589, où son mausolée en marbre fut visible jusqu'à la Révolution(36).
Bernard de Ferrari laissa un fils, nommé André II, mentionné marchand banquier génois à Lyon. En dehors des activités commerciales et bancaires, les Ferrari vont également s'attacher à tisser un réseau d'alliances avec plusieurs familles nobles. A partir du mariage d'André II de Ferrari avec Madeleine de Venet de La Tour, le 4 février 1604(37), les héritiers du lignage ne cesseront de s'unir avec des demoiselles lyonnaises de bonne famille, pour la plupart issues de lignages italiens. La descendance d'André II donna lieu à la création de deux nouvelles branches : la branche qui fit la lignée des comtes de Romans ainsi qu'une seconde branche, moins connue, qui officia essentiellement dans la magistrature et qui débuta par le mariage de César de Ferrari avec Françoise d'Orset, fille du baron de Corgenon(38). Concernant la branche principale, Jean Ambroise de Ferrari, bourgeois de Lyon puis seigneur de La Vaupierre, prit la succession d'André II. Il se maria le 21 avril 1641 à Marguerite Henri, fille de François Guyot Henri, écuyer, seigneur de Jarnioux, Precellins, Cruis et de La Salle. De ce mariage, il eut neuf enfants entre 1641 et 1652(39). Deux actes le mentionnent recteur de la Charité de Lyon en 1646 et 1647(40).
César de Ferrari, fils aîné de Jean-Ambroise, naquit le 11 janvier 1643. Bien que vrai et originaire habitant de Lyon, un acte le mentionne bourgeois de Paris, demeurant dans la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois(41). Son mariage avec Charlotte Martine de La Charnée, célébré en l'église paroissiale de Saint-André-des-Arts à Paris, le 20 mars 1677, lui permit d'accéder au titre de seigneur d'Aigrefoin, détenu par sa belle-famille. Toutefois, il revendit cette seigneurie en 1683(42), préférant sa charge de receveur général des dîmes de Lyon. Il fut le père de cinq filles, dont deux furent mariées à des banquiers de Lyon et trois entrèrent dans les ordres. César de Ferrari décéda le 5 mai 1728 au château de Romans. Son seul fils, Claude César de Ferrari, né le 26 décembre 1686, fut l'acquéreur de la seigneurie de Romans(43).
Claude César de Ferrari, acquéreur de la terre de Romans
Claude César de Ferrari veilla d'abord à maintenir voire développer l'influence du lignage dans la cité lyonnaise. Tout comme son père, il sut s'imposer dans les deux sphères qui dirigèrent la ville, à savoir les activités commerciale et cultuelle. Il accéda d'abord à l'échevinage en 1712 puis exerça la charge de receveur général des dîmes de Lyon, dont l'exécution fut déléguée à deux comptables entre 1722 et 1740(44). Son union avec Claudine de Riverieulx illustra également ce souci de continuité. Le père de la mariée, Etienne de Riverieulx, banquier de Lyon puis secrétaire du Roi, fut l'acquéreur des seigneuries de Marcilly-d'Azergues, Civrieux, Lozanne, Gage (1709), Saint-Paul-de-Varax, Veillères (1719), Saint-Nizier-le-Désert, Ars et Limonest, sans compter l'acquisition de plusieurs maisons à Lyon(45). En 1712, il constitua en dot la somme de 60 000 livres au bénéfice de Claude César de Ferrari, son futur gendre. Ce dernier reçut aussi par le biais de ses parents la somme de 90000 livres, dont 60000 livres payées comptant en bonnes espèces d'or et d'argent(46).
L'œuvre de Claude César de Ferrari compte deux faits majeurs. Le premier fut le changement de la résidence familiale. Depuis quatre générations au moins, les Ferrari étaient installés dans le quartier de Saint-Paul à Lyon. Le lieu de résidence n'est pas connu mais plusieurs titres donnent la preuve du rattachement de la famille à ce quartier. En 1604, le mariage d'André de Ferrari et de Madeleine de Venet a été célébré dans l'église de Saint-Paul(47). Tous les enfants de Jean Ambroise de Ferrari ont été baptisés dans la même église, à partir de 1641(48). César de Ferrari a été inhumé dans la chapelle de l'Annonciation de Saint-Paul en 1711 et Etienne Lambert y a été baptisé en 1714(49). Puis, probablement entre 1715 et 1724, Claude César de Ferrari franchit la Saône et s'installa avec sa famille dans un immeuble situé place Bellecour, à côté de l'hôtel de l'Intendance ou rue du Peyrat, qui longe la place(50). La date d'acquisition reste à ce jour inconnue mais on sait toutefois que Claude César de Ferrari fit l'acquisition en 1722 du tiers de la rente noble de Bellecour ainsi que de la rente noble de Villeneuve-le-Plat (tènement du Plat entre Bellecour et Ainay)(51). Cette période peut donc être retenue sans risque pour définir la concrétisation des projets immobiliers de Claude César de Ferrari dans ce quartier. Par le prestige lié au lieu, qui regroupait une partie des grandes familles aristocratiques ou des riches bourgeois de la ville, cette installation inscrivit définitivement le nom des Ferrari parmi l'élite lyonnaise de l'époque. Désormais, la plupart des actes mentionneront ce nouveau lieu de résidence, place Louis le Grand, à la suite d'une titulature déjà bien étoffée.
L'autre fait qui distingua Claude César de Ferrari fut sans doute l'acquisition de Romans en 1718. En effet, si son grand-père et son père furent titulaires de terres nobles, ils le durent dans les deux cas à leur mariage. A première vue, ces deux entrées dans la noblesse eurent peu d'impact sur l'ascension du lignage, hormis peut-être le prestige du titre. Ici, l'accès à un grade supérieur de noblesse n'entra en rien dans le cadre de négociations prénuptiales. Il s'assimila plutôt à un placement financier, somme toute risqué, nécessitant à la fois des aptitudes à maîtriser la gestion de domaines agricoles et à revêtir l'habit d'un seigneur « rural », pour ne pas dire féodal, avec toute la complexité que cette tâche impliquait. Les Ferrari participèrent ainsi au mouvement, perceptible au XVIIIe siècle, de privilégiés lyonnais qui vinrent gagner quelques degrés de prestige par l'acquisition de terres nobles en Bresse ou en Dombes, à l'exemple des Munet à L'Abergement-Clémenciat, des Riverieulx à Saint-Paul-de-Varax, des Hubert à Saint-Didier-de-Formans ou des Cusset à Marlieux. A l'acquisition de la seigneurie de Romans succéda celle, en 1721, de l'office de chevalier d'honneur au présidial de Bourg-en-Bresse, qui renforça encore la notoriété de Claude César de Ferrari au sein de la classe dominante de Bresse(52).
Toutefois, la seigneurie de Romans eut un prix. Au sens propre d'abord, car Claude César de Ferrari dut se porter garant d'une somme de 100 000 livres, représentant le prix de la seigneurie dans l'éventualité du respect de toutes les clauses stipulées dans l'acte de vente. Au sens figuré ensuite, car cette acquisition donna lieu à bon nombres de tracasseries qui s'éternisèrent jusque dans les années 1730. En premier lieu, Claude César de Ferrari dut faire face aux impitoyables créanciers de Claude de Lyobard, qui s'était pourtant engagé à vendre la terre de Romans exempte de toute dette ou hypothèque(53). La rénovation du terrier, engagée entre 1724 et 1726, entraîna aussi plusieurs contestations ou mises au point sur les questions des reconnaissances et des paiements des servis(54). L'accueil du nouveau seigneur de Romans ne sembla donc pas des plus chaleureux. Malgré tout, Claude César de Ferrari s'affirma dans son nouveau rôle de seigneur. Ses droits lui conféraient des pouvoirs en matière de justice, de nomination d'offices, de perception de lods, de patronage sur la chapelle Saint-Pierre et Saint-Jean-Baptiste de Romans, tout en administrant les affaires importantes des communautés d'habitants. En matière de justice, ses droits furent étendus à la paroisse de Saint-Georges-sur-Renon et aux fiefs de Villette et de La Verne(55). Enfin, il assura la gestion de son domaine en réglant les baux et réalisa plusieurs opérations immobilières avec, notamment, l'acquisition de plusieurs terres à Buenans(56). Le seigneur de Romans ne quitta pas pour autant ses appartements lyonnais qui restèrent sa résidence principale. Les affaires courantes à Romans étaient alors expédiées par divers hommes de confiance (châtelain, procureur d'office, greffier, curial, garde-chasse) nommés par le seigneur et pouvant agir en son nom(57).
Claude César de Ferrari testa en 1724 mais il décéda le 7 octobre 1753(58). Il laissa comme descendance quatre filles, dont deux furent religieuses à Lyon et à Vienne et une, Marianne, qui fut mariée à Pierre Henri Agniel de Chenelette, trésorier général au bureau des finances de la généralité de Lyon. Claudine de Riverieulx, son épouse, institua Hugues César de Ferrari, aîné des deux fils, comme héritier universel. Celui-ci étant entré dans les ordres à l'église Saint-Paul de Lyon, Etienne Lambert de Ferrari, fils cadet, hérita des biens de son père(59).
Etienne Lambert, fondateur du « comté de Romans-Ferrari »
Etienne Lambert de Ferrari naquit le 4 juillet 1714. Il débuta sa carrière par le métier des armes en tant que cadet gentilhomme de la citadelle de Metz, en 1730, puis capitaine dans le régiment d'infanterie du Lyonnais en 1733, grade qu'avait également occupé son père. Durant la guerre de Succession d'Autriche, il fut blessé au bas ventre et au bras gauche à la bataille de la Madone de l'Olmo, durant le siège de Coni (1744). Ses distinctions durant ce conflit, où il servit comme capitaine postiche de grenadiers, lui valurent d'être décoré de l'Ordre de Saint-Louis le 20 février 1746. Il se retira du service en 1749, après la signature du traité d'Aix-la-Chapelle(60).
En 1739, il acquit des mains d'Anne Claude François de Joly de Choin l'office de lieutenant du Roi dans les provinces de Bresse, Bugey, Valromey et Gex(61). Par contrat du 7 janvier 1750, il prit pour femme Marie Gertrude Charrier de La Roche, dont le père, Guillaume, exerça les fonctions de président à la Cour des monnaies, sénéchaussée et siège présidial de Lyon(62). La donation de la terre de Romans étant liée à ce mariage, Etienne Lambert de Ferrari reprit le titre de seigneur et fit ses reprises de fief auprès du souverain de Dombes (1758-1759) et auprès du Roi de France (1765, 1769). Il fit l'aveu et dénombrement de Romans en 1771(63).
En 1761, Etienne Lambert de Romans-Ferrari dut répondre à une procédure lancée par Pierre Marie Jacob de La Cottière, seigneur du Chappuis(64). A l'origine, les relations de voisinage entre les deux seigneurs ne semblaient pas vraiment bonnes car des rancoeurs subsistaient suite à deux procès qui les avaient opposés dès 1752(65). Il est aussi à noter que le domaine du Chappuis, seul bien du sieur Jacob de la Cottière, a été déclaré de la justice et directe du comté de Romans, ce qui a produit tout le fiel dudit Jacob(66). Lors de cette affaire, Pierre Marie Jacob de La Cottière attaqua Etienne Lambert de Ferrari sur ses origines nobles ainsi que sur sa qualité de comte de Romans. En réplique, le seigneur de Romans chercha à prouver l'origine du seigneur de Chappuis à travers les tanneurs, cordonniers ou boulangers de Châtillon-sur-Chalaronne. Le fonds ancien de la bibliothèque municipale de Lyon conserve un document dont l'intitulé est le suivant :
Mémoire pour M. de Jacob de la Cottière, gentilhomme de la province de Bresse, contre M. Estienne Lambert Ferrari de Romans, de Lyon, écuyer, chevalier de Saint-Louis, dont le principal objet de leurs différents est la descendance de leurs noblesses mises en parallèle, que le sieur de Jacob de la Cottière dispute audit sieur Ferrari de Romans, et où il prouve et démontre clairement que la famille Ferrari de Romans d'aujourd'hui ne descend point des nobles génois, Bernard et André Ferrari, son fils, établis à Lyon au milieu du seizième siècle environ, mais bien de Christophe Ferrari, marchand milanois établi à Lyon, l'an 1605. Ce procez a commencé en 1761(67).
Pierre Adamoli, bibliophile lyonnais, dont la famille, d'origine milanaise, est venue s'installer à Lyon au XVIIe siècle, se pencha sur ce procès en 1767. Au factum cité ci-dessus, il précise :
J'ay toujours ouï dire de mes ayeux […] que la branche de cette famille Ferrari noble génoise fut éteinte presque dans l'origine de son établissement à Lyon, et que celle des Ferrari de Romans d'aujourd'huy prend sûrement son origine dans l'Etat de Milan dont ma famille est également originaire ; et dans le commerce de banque et de soyerie en gros que mes pères et grand oncles faisoient à Lyon dans le dernier siècle, il y avoit un teneur de livres pour le commerce appelé Jean-Baptiste Ferrari de Milan […] J'ay entre les mains les papiers de cette famille […], il y a cinq ans que le sieur Etienne Lambert Ferrari fit ce qu'il pu pour me tirer adroitement d'entre les mains tous ces papiers, mais il ne fut pas assez fin pour moy(68).
Sur le premier chef d'inculpation, Etienne Lambert de Ferrari étaya sa défense en avançant la certification de sa généalogie par Louis Pierre d'Hozier, juge d'armes de la noblesse de France. Présent à Paris en 1760, le seigneur de Romans présenta ses titres et en obtint un premier certificat attestant l'ancienne extraction noble de la famille et maintenant son origine génoise. Au moment du procès, Etienne Lambert fit en outre de nombreuses recherches dans ses archives, compila plusieurs titres de famille et les annexa à la généalogie de d'Hozier afin de les faire valoir auprès des autorités lyonnaises. Celles-ci validèrent l'ensemble entre le 17 et le 22 mars 1763, avec, notamment, l'aval des comtes de Lyon et du commandant de la ville(69). Un mémoire rédigé sous la plume d'Etienne Lambert de Ferrari illustre la contre-attaque du seigneur de Romans :
Si le sieur Jacob ne veut pas s'en rapporter au certificat authentique du juge d'armes de la noblesse de France établi par sa majesté pour recevoir et vérifier les preuves des officiers et pages de sa maison […] Mr de Ferrary l'invite à venir voir dans son domicile les titres en original, il se fera un grand plaisir de les luy communiquer, ils sont d'ailleurs par extrait déposés dans les archives de Mr le juge d'armes. Que le sieur Jacob sache donc que Mr de Ferrary ne doit point sa noblesse à l'échevinage et qu'il la possédoit bien antérieurement, tant par la concession d'une république souveraine que par les lettres de naturalité qu'il a plut au Roy Henry III d'accorder à Bernard de Ferrary et à son fils premier du nom, qui sont venus s'établir en France, auxquels il a bien voulu conserver leur qualité de noble génois, à laquelle, ny eux ny leur descendant n'ont jamais dérogé. Ainsy donc Mr de Ferrary se trouve quand à présent obligé de repousser ainsy une injure toute gratuite avec les mêmes armes qu'il destine à l'établissement de sa nombreuse famille. Il s'en sert parce qu'il les a sous la main et à coup sûr ne s'en seroit pas servi s'il ne les avoit pas eu, les Jacob n'en valoient pas la peine(70).
Le second chef d'inculpation résida dans l'usurpation du titre de comte de Romans. Pour la plupart des historiens locaux, la date de l'érection de la seigneurie en comté est fixée à 1763. Or, plusieurs documents nous amènent vers une autre piste(71) :
La terre [de Romans] a été érigée avec cette qualité [de comté] par le duc de Savoye Emmanuel Philibert, en faveur du dernier de la maison de Varax, qui l'a possédée pour luy et les siens et successeurs quelconques. Ses successeurs depuis ont pris cette qualité dans presque tous les actes. Mr de Ferrary la possède dans son entier et sans aucun démembrement. Il y a près de 40 ans, il a plut à sa majesté de confirmer cette qualité à son père, laquelle est rappelée quatre fois dans ses provisions de chevalier d'honneur du présidial de Bresse, […]. Enfin, son même père a encore receu cette même qualité dans les lettres patentes accordées en 1728 par le prince souverain de Dombes Louis Auguste, lesquelles ont été enregistrées à ce parlement.
Bien que les anciens seigneurs de Romans aient bénéficié de la qualité de comte, Etienne Lambert de Ferrari obtint en 1763 un renouvellement de l'érection de la seigneurie en comté, désormais dénommé comté de Romans-Ferrari, pour lequel il rendit de nouveau hommage en 1769(72).
L'aveu et dénombrement produit par Etienne Lambert de Romans-Ferrari en 1771 donne une représentation assez précise du comté à la fin du XVIIIe siècle(73). Parmi les droits seigneuriaux rattachés au château figuraient d'abord le droit de justice sur toute l'étendue du comté, à l'exception des parties dombistes des paroisses de Romans, Saint-André-le-Bouchoux et Saint-Georges-sur-Renon, qui relevaient de la justice du Châtelard(74). Dans ce domaine, le comte pouvait nommer et révoquer son personnel et tenir ses audiences comme bon lui semblait, installer les piliers, fourches patibulaires et carcans ainsi qu'entretenir les prisons qui se trouvaient au château. Le comte possédait aussi le droit d'avoir le protocole des notaires et les minutes du greffe de ladite justice, ce qui peut expliquer la présence d'archives judiciaires dans le présent fonds. En matière de culte, le seigneur détenait les droits honorifiques classiques sur les églises paroissiales. Parmi les droits spécifiques figuraient le droit de patronage sur deux chapelles, l'appartenance de la succession des curés de la paroisse ainsi qu'un droit de mutation lors des changements de doyen au chapitre de Notre-Dame des Marais de Montluel. Le comte de Romans disposait à sa guise du droit de pêche, de chasse, de messerie(75) et plusieurs droits militaires comme le guet(76) et les fortifications du château. Enfin, le comte pouvait faire exercer son droit de taille, de mainmorte et de cens sur toutes les terres mouvantes du terrier de Romans. Concernant les biens immeubles, le comté comprenait deux moulins (le moulin de Saint-Georges et le moulin de Leva), une cinquantaine de bois ou de forêts dans les paroisses de Romans et du Bouchoux et vingt-deux étangs ou parties d'étangs dans les paroisses du Bouchoux et de Condeissiat. Les domaines étaient au nombre de quatorze dans la paroisse du Bouchoux avec cinq prés à Buenans et cinq autres prés dépendant de la réserve du château(77).
A sa mort, Etienne Lambert de Ferrari laissa douze enfants, nés entre 1750 et 1765. Sur les sept garçons, cinq embrassèrent une carrière militaire et deux entrèrent dans les ordres, à Ainay et à Saint-Paul. Parmi les filles, Françoise Thérèse de Romans-Ferrari fut mariée en 1772 à Isidore de La Roche-Grosbois, ancien mousquetaire de la garde du roi ; Charlotte Françoise de Romans-Ferrari épousa en 1787 Jean Baptiste Agniel de Chenelette, son cousin ; Marie Françoise de Romans-Ferrari fut la seconde épouse, en 1790, de Jean Benoît de Saint-Didier de Louvat.
Guillaume César de Romans-Ferrari : comte, émigré, citoyen, maire de Romans
Guillaume César de Romans-Ferrari, baptisé le 11 décembre 1750 en l'église collégiale de Saint-Martin d'Ainay, fut le successeur d'Etienne Lambert. Sa carrière militaire débuta en 1764 à Versailles où il fut nommé page de la dauphine Marie Josèphe de Saxe, mère des trois derniers rois de France. Au décès de celle-ci, en 1767, il fut nommé sous-lieutenant au régiment Dauphin-Dragons(78). Sous la tutelle pointilleuse de son père, à qui il rend compte de ses dépenses, et sous l'œil attentif de ses supérieurs, il parvint timidement à gagner un peu d'avancement : il fut tour à tour nommé lieutenant, sous-aide-major, puis lieutenant en second(79). Il se porta démissionnaire en 1777, probablement en raison du départ de son père et de son oncle, décédés tous deux en 1776, dont les successions lui étaient dévolues. Il s'allia le 20 février 1781 à Hyacinthe Françoise de La Frasse de Seynas, fille de Claude de La Frasse, seigneur de Sury, Seynas, Saint-Romain-le-Puy et autres lieux(80).
En raison du nombre important des frères et sœurs, le tutorat exercé par Guillaume César fut une lourde tâche qui marqua une première étape dans la gestion des affaires patrimoniales(81). Le parcours du comte de Romans fut en outre jalonné d'épreuves tout aussi difficiles. Celles-ci commencèrent avec les troubles révolutionnaires. La première inquiétude vint de la rumeur publique qui força les agents du district de Châtillon à diligenter une perquisition au château de Romans, suspecté de conserver des armes et munitions destinés à armer les ennemis de la patrie(82). Cette enquête n'eut pas d'effet sur l'activité de Guillaume César de Ferrari qui poursuivit ses affaires à Lyon et Romans durant les années 1791 et 1792, où il transigea même avec le directoire du district de Châtillon-sur-Chalaronne pour l'acquisition d'une terre séquestrée au prieuré de Salles(83). Ce fut à partir de 1793, que ce même directoire témoigna d'une sévérité sans faille vis-à-vis de la noblesse locale. Le 29 mars, il prit un arrêt pour la perquisition de tous les châteaux du district et ordonna la mise en arrestation des propriétaires(84). Le directoire mit le château de Romans sous surveillance et dénonça les menées contre-révolutionnaires du comte et de son homme d'affaires, Pierre Pinet. La saisie d'armes au château, les 2 et 8 avril 1793, donna lieu à des enquêtes de sûreté en vue de faire arrêter le citoyen Pinet, qui par la suite fut condamné à mort(85). S'ensuivirent plusieurs réquisitions d'ordre militaire. Le 29 juin, deux chevaux de luxe furent réquisitionnés pour l'armée des Alpes. Le 21 septembre, le district récupéra 20 ânées de grains pour la nourriture des volontaires nationaux. Plusieurs dizaines de couvertures provenant du château furent aussi envoyées au magasin militaire de Grenoble(86). Quant au rebelle Ferrari, il fut enregistré en avril 1794 parmi les émigrés du district. Pour le juge de Châtillon, cette qualification ne fit aucun doute(87) :
En fait, dans le moment de terreur où il y avoit de sûreté que dans la fuite, le citoyen Ferrari, pour éviter des persécutions dont il étoit menacé, prit le parti de fuir…
Cette qualification d'émigré permit aux autorités révolutionnaires de mettre le domaine sous séquestre : le mobilier fut vendu et la gestion des terres fut confiée au directoire de district de Châtillon-sur-Chalaronne(88). Les réquisitions se poursuivirent en fonction des besoins des autorités. Le 28 novembre 1794, le directoire récupéra du bois pour confectionner des lits aux prisonniers de guerre(89). Le 13 décembre, suite à un vol d'une partie de la barrière du château, on enleva tout le fer existant dans le domaine. Enfin, le 12 janvier 1795, le directoire donna une autorisation au carronnier de Romans de prendre, dans les bois du château, le combustible nécessaire pour la cuisson de tuiles et de briques et ce, bien que ledit Ferrary soit en réclamation contre l'insertion de son nom sur la liste des émigrés(90). Les agents du district s'attachèrent à considérer l'émigration du comte de Romans comme un fait avéré car ils voyaient là la possibilité de mettre la main sur des ressources qui faisaient alors défaut. Mais, à l'image d'autres suspectés, nobles ou non-nobles, ayant récupéré leurs biens en 1795, il apparaît que le zèle des autorités châtillonnaises engendra des décisions peut-être trop rapides. Réfutant cette qualité d'émigré, Guillaume César de Romans-Ferrari chercha alors à s'opposer aux griefs portés à son encontre et aux déprédations commises par le directoire de district. Ce dernier dut d'ailleurs se résoudre à accepter les doléances du comte, le 17 janvier 1795 :
Vu la pétition du citoyen Guillaume César Ferrary, demeurant en la commune de Lyon […], par laquelle il expose qu'il n'a pas quitté le sol de la république depuis le premier may 1792, qu'il a résidé sans interruption en la commune de Lyon, maison à lui appartenante, place l'Egalité, n°137 ; qu'il n'a jamais pris part à la rebellion des Lyonnois et que c'est avec la plus grande surprise qu'il se voit porté sur la liste des émigrés de ce département et que par suite tous ses biens ont été séquestrés et son mobilier vendu. Il demande en conséquence qu'à la vue des certificats de résidence de non émigration et de non rebellion qu'il a fait déposer en ce directoire, le seize de ce mois, son nom soit rayé du tableau des émigrés… (91)
Le même jour, Guillaume César de Romans-Ferrari obtint une radiation provisoire de la part du directoire du district(92). Il en appela ensuite au comité de législation de la Convention nationale qui le radia définitivement de toute liste d'émigrés et qui le réintégra dans la jouissance de ses biens(93). Face à cette décision, le directoire du district de Châtillon prononça par arrêté du 15 mai 1795 la mainlevée définitive du séquestre. Guillaume César de Romans-Ferrari s'attacha ensuite à reconstituer son patrimoine. Le 3 mars 1795, il réclama auprès du receveur des droits d'enregistrement la somme d'argent provenant des revenus de son domaine et de la vente de son mobilier, le tout s'élevant à 65000 livres. N'ayant pas les fonds nécessaires en caisse, le receveur accorda tout de même une provision de 40000 livres(94). Il récupéra ensuite une partie du matériel et du mobilier, ainsi que les armes enlevées en 1793, considérant que maintenant, où la vertu et la justice sont plus que jamais à l'ordre du jour, il convient de rendre aux bons citoyens leurs armes que le système de terreur leur avait fait enlever(95).
Les certificats de résidence produits par Guillaume César de Romans-Ferrari attestèrent de son domicile à Lyon, place de l'Egalité (place Bellecour) durant les années 1792-1793. En effet, malgré les événements qui ont secoué la ville durant cette période, Guillaume César de Romans-Ferrari fit le choix de se maintenir à Lyon. Ce fut sans doute un moment particulier dans la vie de cet homme qui vit, de ses fenêtres, l'installation de la guillotine en 1792 puis le démentèlement de la première statue équestre de Louis XIV, inaugurée quatre-vingts ans plus tôt par son propre grand-père, Claude César de Ferrari, alors échevin de la ville(96). Il fut aussi le spectateur de cette journée du 26 octobre 1793 où des foules de révolutionnaires lyonnais, emmenées par le représentant du peuple Georges Couthon, entreprirent la démolition des immeubles de la place Bellecour, devenue place Fédération, où logeaient les grandes familles aristocratiques de la ville(97). Et c'est au milieu de cette ferveur révolutionnaire que naissait deux jours plus tard, au même endroit, Pierre Jules de Ferrari, dernier fils du comte de Romans(98). Le souvenir de cette époque mouvementée traversa incontestablement toute l'existence du comte. Ainsi peut-on lire dans son testament :
On ne peut oublier les difficultés et la constance avec laquelle au milieu de nos malheurs, j'ai veillé à la conservation de ces héritages et on ne peut les recevoir sans le sentiment de la reconnaissance envers la divine providence(99).
Avec le temps, la République reconsidéra le personnage. Guillaume César de Romans-Ferrari gagna une certaine forme de reconnaissance aux yeux de l'autorité départementale qui lui proposa, en 1800, le poste de maire de Romans. Mais, malgré les sollicitations du préfet et du sous-préfet de Trévoux, le comte persista dans son refus(100). Il serait facile de déceler une certaine rancœur du comte au regard de l'action de l'administration révolutionnaire. Il semble aussi que la suppression de la paroisse de Romans, entraînant de fait l'absence d'exercice du culte, soit un point de désaccord important. Depuis la Révolution, à Romans, comme à Saint-André-le-Bouchoux et Saint-Georges-sur-Renon, les desservants ont disparu, les cures ont été vendues ou démolies et les églises nécessitaient de lourds travaux de restauration. A première vue, l'absence de paroisse ne semblait pas constituer un inconvénient majeur pour les autorités départementales alors qu'elle représentait un manquement primordial aux valeurs véhiculées par la famille de Romans-Ferrari(101). Toujours est-il que ce refus n'était pas sans conséquence. La quasi-totalité des habitants de Romans étant illettrés, il était alors impossible de trouver un nouveau maire parmi la population. Face à cette situation, le préfet décida par arrêté du 9 septembre 1800 de rattacher provisoirement la commune de Romans à celle de Châtillon-sur-Chalaronne(102). C'est certainement par le rétablissement de la paroisse en 1807 et les multiples inconvénients liés au rattachement que Guillaume César de Romans-Ferrari révisa sa position. Sous sa plume, les habitants de Romans rédigèrent une pétition afin de réclamer le détachement de la commune et la formation d'un conseil municipal. Par arrêté du 6 janvier 1809, Guillaume César de Romans-Ferrari devint alors maire de Romans(103). Il occupa ce poste jusqu'en 1814, année où il fut remplacé par son second fils, Claude Marie Alexis, jusqu'en 1819. Guillaume François Hippolyte, son fils aîné, remplaça son frère de 1819 à 1823. Enfin, Guillaume César fut renommé, non sans réticences, le 29 octobre 1823. Sur ce nouveau mandat, le comte de Romans avoua : j'ai accepté le même embarras qui me déplait souverainement, vu mon âge et ma santé qui m'assujetti à beaucoup de ménagements(104). Il occupa toutefois ce poste jusqu'à sa mort en 1836.(105)
Au-dela de ses attributions municipales, qui s'orientèrent en priorité vers le rétablissement du culte, Guillaume César de Romans-Ferrari s'investit sans relâche dans la gestion de ses terres. A la différence de nombreux propriétaires confiant la responsabilité des exploitations à leurs fermiers, le comte de Romans, sur place, dépensa son énergie à contrôler l'ensemble des activités domaniales(106). Ceci fut d'ailleurs porté en exemple par le marquis d'Avèze, dont les promenades en Bresse ont donné lieu à la rédaction d'un ouvrage en 1815-1816(107).
On ne peut pas dire encore que Romans soit un mauvais pays ; il est vrai qu'il faut avouer, à l'honneur et gloire du maître du château qui habite ces lieux, que sa surveillance, son activité, son goût pour l'agriculture, donnent à tout ce pays, dont il est le premier et le plus grand propriétaire, une couleur qu'il n'aurait pas si, comme la plus grande partie de la Bresse, il était abandonné à la cupidité des fermiers, ou à l'ignorance et à la négligence du granger et des valets. C'est là, sans doute une des causes principales de l'infertilité de la Bresse que l'inhabitation des propriétaires ; il y aurait peu de pays en France aussi productif, si tous, à l'exemple de quelques uns, habitaient leurs propriétés et les surveillaient […] ; qu'on compare cette paroisse de Romans, dont le maître porte ses regards sur tout ce qui l'entoure, qui arrêté par aucun temps, par aucune saison, et qui suit ses fermiers, comme les ouvriers qu'il emploie, qui par une longue expérience à laquelle se joint un goût naturel, a acquis autant de connaissances qu'il est possible, soit en agriculture, soit en construction, soit enfin dans tous les sujets propres à le servir dans le genre de vie honorable qu'il a embrassé ; qu'on compare, dis-je, cette paroisse avec toutes celles qui l'environnent et l'on devinera bientôt le sujet et la cause qui mettent autant de différence entr'elles ; aussi, tandis que la majeure partie des bourgs de la Bresse se dépeuplent […] le village de Romans se peuple, les bois de cette commune s'y rétablissent par les soins qu'on leur donne, par les plantations qu'on y fait ; les terres incultes se défrichent ; les bâtiments des domaines se relèvent et s'entretiennent ; enfin, l'attention, l'ordre et la suite que met dans toutes les opérations le propriétaire, rendront dans peu d'années, cette commune des plus florissantes et le modèle ainsi que l'espoir de tous ceux qui voudront suivre l'exemple de M. de Romans. J'ai très peu, pour ne pas dire point du tout l'avantage de le connaitre ; ainsi ce que je dis ne doit point être suspect, mais ses terres, la tenue de ses possessions parlent pour lui ; et dans une contrée ainsi délaissée, dans un sol aussi calomnié que cette malheureuse Bresse, il me parait important de désigner les hommes estimables qui se consacrent à l'agriculture et qui prouvent par leurs succès que ce n'est pas la terre qui est ingrate […] mais que c'est l'homme qui est ingrat de la négliger.
En raison de l'étendue des domaines et des multiples activités liées à leur gestion, Guillaume César de Romans-Ferrari sollicita à plusieurs reprises le concours du géomètre George, maire de Meillonnas. De cette collaboration professionnelle, qui s'est transformée au fil des années en de véritables relations amicales, il reste aujourd'hui plusieurs liasses d'archives, conservées aux Archives départementales de l'Ain dans le fonds coté 100 J. Les premières traces écrites arrivées jusqu'à nous remontent au 1er avril 1823 mais les deux hommes s'étaient déjà rencontrés à Romans avant cette date. Tour à tour géomètre, architecte, homme d'affaires, agent immobilier, conseiller fiscal, négociant en vins, l'architecte George, chargé aussi des travaux de la commune, intervint dans la plupart des affaires foncières traitées par Guillaume César de Romans-Ferrari et ses deux fils, Guillaume François et Charles Louis.
En homme de confiance et en ami de la famille, l'architecte George entra progressivement dans le cercle intime des comtes de Romans. Les lettres qu'il reçut de Guillaume François de Romans-Ferrari nous permettent dès lors de connaitre un peu mieux les derniers mois de l'existence de Guillaume César. En 1835, alors qu'il atteignait l'âge de 85 ans (cas exceptionnel dans la Dombes de l'époque), le comte de Romans assurait encore lui-même l'ensemble de ses affaires qu'il n'était pas prêt de confier à personne(108). Puis, au delà de la fatigue, les premiers signes de maladie apparurent à l'automne. L'hiver particulièrement rigoureux et les longues périodes de pluie qui suivirent jusqu'en février 1836, mirent à rude épreuve la résistance de l'homme. Au fil des mois, les moments de souffrance, plus réguliers et toujours plus intenses, eurent raison du comte de Romans qui décéda dans son château, le 23 octobre 1836. De cet échange épistolaire, dont le contenu nous dévoile de véritables moments d'intimité, on retiendra par exemple ces extraits de lettres, provenant de la plume de Guillaume François de Romans-Ferrari :
Le 19 octobre 1836. J'accepte avec reconnaissance toutes les consolations dont votre lettre est remplie et j'espère que la Providence m'aidera à supporter le malheur qu'elle me prépare. J'ai eu le bonheur de réussir dans ce qu'il y avait de plus important pour mon père et pour nous. Il a rempli ses devoirs de religion en bon chrétien, sans que cette triste et importante cérémonie ait influé sur son imagination d'une manière trop cruelle. Il sent cependant parfaitement son état. Mon père est excessivement faible. Cependant, je suis encore surpris de lui voir autant de force depuis le 14 septembre. Je suis sa maladie et je trouve que mon père est aussi extraordinaire dans sa maladie qu'il l'a été en santé.
Le 8 novembre 1836. Je ne croyais pas avoir si tôt à vous apprendre la perte douloureuse que nous venons de faire quoique depuis bien des jours je voyais mon pauvre père s'affaiblir tous les jours de plus en plus. C'est hier soir à six heures qu'il a terminé ses longues années de souffrance. J'attends ma sœur et son mari au commencement de la semaine. Les scellés vont être posés jusqu'à ce que mon frère, que j'ai seulement prévenu, soit arrivé d'Italie. Si vous pouvez arranger vos affaires pour venir me voir à la fin de la semaine, une partie de ma famille sera réunie. Vous pourrez m'être de la plus grande utilité ainsi qu'à ma famille par la connaissance que vous avez des biens de mon père.
Comme nous l'apprend cette dernière lettre, le deuil lié au départ de Guillaume César de Romans-Ferrari, n'empêcha pas Guillaume François dit Hippolyte, devenu comte de Romans, de veiller aux affaires en cours, notamment sur le règlement de la succession de son père. Malgré la perte de propriétés lyonnaises et bressanes durant la période révolutionnaire, Guillaume César de Romans-Ferrari parvint tout de même à reconstituer un patrimoine non négligeable autour de Romans(109). Les dispositions testamentaires impliquaient un partage entre ses quatre enfants. Guillaume-François, par préciput, se vit attribuer le quart des biens meubles et immeubles de la succession, comprenant le château de Romans(110). Les trois-quarts restants furent partagés entre les quatre enfants vivants du défunt : Guillaume François, Claudine Suzanne Hyacinthe, Charles Louis et Pierre Jules. Apparemment, ce mode de partage déclencha quelques tensions entre les héritiers. Guillaume François ne manqua pas de confier à son ami : je sais seulement que ma sœur a dit que si elle pouvait me faire manger mon quart, elle n'y manquerait pas ; c'est, comme vous voyez, très agréable à savoir ; au moins on est sur ses gardes(111). Une majorité des biens étant indivis, le comte de Romans mandata l'architecte George afin de reprendre le métré et l'estimation de tous les biens du domaine dans le but de constituer quatre lots égaux à partager, dénués de toute indivision. La masse des biens comprit 24 domaines à Saint-André-le-Bouchoux et Romans, 4 étangs à Condeissiat, 2 prés à Châtillon-sur-Chalaronne et 20 parcelles de bois à Romans et Saint-Georges-sur-Renon. Après plusieurs semaines de métrages et de calculs, l'architecte réussit à remplir sa mission et proposa la désignation de quatre lots qui furent tirés au sort au château de Romans le 1er mars 1837(112).
En raison d'un volume réduit d'archives familiales couvrant les XIXe et XXe siècles, limitant par conséquent les recherches relatives à cette période, la question de la descendance de Guillaume César de Romans-Ferrari ne pourra pas être abordée ici. Il n'en demeure pas moins que les archives inventoriées dans le présent fonds permettront d'étudier de nombreux traits de cette histoire familiale, au moins pour la partie la plus ancienne. A partir de cette base de travail, le chercheur saura, peut-être un jour, retracer l'épopée des Romans-Ferrari dans son ensemble.
Depuis 1927, le château de Romans est devenu la propriété du comité de défense contre la tuberculose pour le département de l'Indre. Le site fut d'abord aménagé en préventorium puis en centre spécialisé dans les soins aux enfants grands brûlés et traumatisés. Il accueille désormais un foyer d'accueil médicalisé pour adultes polyhandicapés. Le maintien d'une telle activité au château a permis, non seulement de perpétuer le nom de la famille Romans-Ferrari, mais aussi de le faire connaître dans le monde entier. Attachée au patrimoine familial et à son histoire, la Fondation Romans-Ferrari, notamment grâce au travail de J. Givre, président délégué du centre médical, a entrepris de nombreux travaux de restauration visant à la sauvegarde de l'édifice, avec un respect particulier pour le bâti ancien. Enfin, la fondation entretient régulièrement les sépultures des membres de la famille reposant au cimetière de Romans.
Les seigneurs et comtes de Romans (1250-1912)
Les années mentionnées correspondent aux dates extrêmes retrouvées dans les textes.
• Ulrich de Varax (1250-1280)
• Etienne de Varax (1274-1280)
• Girard de Varax dit La Guêpe (1277-1334)
• Guillaume de Varax (1336-1339)
• Drodon ou Edouard de Varax (1329)
• Henri de Varax (1367-1378)
• Etienne de Varax (1384-1419)
• Georges de Varax (1443-1473)
• Antoine de Varax (1424-1455)
• Antoine II de Varax (1473-1520)
• Pierre de Varax (1518-1530)
• Jeanne de Clermont (1518-1542)
• François de Varax (décédé en 1555)
• Philibert de Varax (1547-1560)
• Anatoire ou Anatoile de la Baume dit Moricaud (1542-1564)
• Ysabeau de Varax (1549-1579)
• Aymé de Varax dit de la Baume (1577-1590),
• Claude de Varax dit de la Baume, co-seigneur avec Aymé, son frère (1579-1590)
• Claudine de Ponceton (1577-1602)
• Pierre Marc de Varax dit de la Baume (1602-1629)
• Edme Hector de Varax dit de la Baume, co-seigneur avec Pierre, son frère (1610-1618)
• Claude I de Ponceton (1619-1638)
• Jeanne de Montconis (1621-1662)
• Jean de Ponceton (1663)
• Claude II de Ponceton (1622-1679)
• Alexandre de Ponceton (1660-1690)
• Claude François de Lyobard (1682-1692)
• Claude de Lyobard (1673-1727)
• Claude César de Ferrari (1690-1740)
• Etienne Lambert de Romans-Ferrari (1714-1776)
• Guillaume César de Romans-Ferrari (1750-1836)
• Guillaume François de Romans-Ferrari (1782-1858)
• Ernest Hippolyte de Romans-Ferrari (1833-1896)
• Marie Laure de Bernard de Montessus de Rully (1859-1922)
• Jean Ernest Marie Charles de Romans-Ferrari (1861-1912)
Notes :
(1) GUICHENON (Samuel), Histoire de Bresse et du Bugey, p. 98.
(2) AUBRET (Louis), Mémoires pour servir à l'histoire de Dombes, t.1, p. 90, 115, 124.
(3) GUIGUE (M.C.), Dictionnaire topographique de l'Ain, p. 328.
(4) PHILIPON (Edouard), Dictionnaire topographique du département de l'Ain, p. 351.
(5) GUICHENON (Samuel), op. cit., p. 97.
(6) GUIGUE (M.C.), op. cit., p. 328.
(7) GUICHENON, Samuel, op. cit., p. 97.
(8) AD de l'Ain, 248 J 62, preuves de noblesse faisant référence au terrier de 1336.
(9) AD de l'Ain, 248 J 62, preuves de noblesse faisant référence à l'aveu de 1418.
(10) VARAX (Humbert de), Histoire locale de la Principauté et Souveraineté de Dombes, t. 1, p. 406.
(11) GUICHENON (Samuel), op. cit., p. 199. Voir aussi : CATTIN (Paul), La justice dans l'Ain sous l'Ancien-Régime, t. 1, p. 360.
(12) GUICHENON (Samuel), op. cit., p. 22. L'hommage se fait au souverain chaque fois que le fief change de main.
(13) La question de la délimitation entre Bresse et Dombes fut un problème récurrent durant plusieurs siècles, malgré la définition des frontières de 1612. Elle dépassa largement les quelques anecdotes liées à la seigneurie de Romans et fut à la source de nombreuses affaires que l'on retrouve par exemple dans les ouvrages de Louis Aubret et Humbert de Varax. Au-delà des délimitations géographiques, apparaissent toutes sortes d'instances liées aux droits féodaux et seigneuriaux, dont certains cas donnèrent du fil à retordre aux juristes. Notons, pour rester dans le secteur de Romans, le long contentieux qui opposa entre 1725 et 1751, le duc d'Orléans et Etienne Lambert de Ferrari, comte de Romans, dont les droits de justice s'étendaient respectivement sur leurs terres situées en Bresse et en Dombes (JACQUET, Traité des justices de seigneur et des droits en dépendant, p.74-77). Sur les hommages des fiefs de Bresse, voir aussi : GUICHENON (Samuel), op. cit, p. 21-23.
(14) AUBRET (Louis), op. cit., t. 2, p. 16.
(15) AUBRET (Louis), op. cit., t. 2, p. 537-538.
(16) AUBRET (Louis), op. cit., t. 2, p. 653.
(17) AUBRET (Louis), op. cit., t. 3, p. 30.
(18) Voir la liste des seigneurs de Romans en fin d'introduction.
(19) AD de l'Ain, 248 J 8.
(20) BAUX (Jules), Nobiliaire du département de l'Ain, p. 130. Recueil de Peincedé, p. 17, liasse 2, cote 3.
(21) AD de l'Ain, 248 J 8.
(22) VARAX (Humbert de), op. cit., t. 2, p. 336-345.
(23) AD de l'Ain, 248 J 8. Voir aussi, à la même cote, le document intitulé Estat et description du chasteau de Romans, rédigé à partir du 7 janvier 1639, comprenant un état des lieux du château ainsi qu'une description assez précise des bâtiments et domaines rattachés.
(24) BAUX (Jules), op. cit., p. 130.
(25) VARAX (Humbert de), op. cit., t. 2, p. 336-345
(26) BOUCHU (Intendant), Déclaration des biens des communautés, p. 385.
(27) VARAX (Humbert de), op. cit., t. 2, p. 339-340.
(28) AD de l'Ain, 248 J 8.
(29) AD de l'Ain, 248 J 8. Un mémoire établi dans le cadre de cette procédure donne de nombreux éléments d'ordre généalogique sur les familles de Varax et de Ponceton, depuis le testament d'Henri de Varax, en 1422.
(30) AD de l'Ain, 248 J 15.
(31) VARAX (Humbert de), op. cit., t. 2, p. 340.
(32) AD de l'Ain, 248 J 8. Voir aussi : BAUX, Jules, op. cit., p. 130.
(33) AD de l'Ain, 248 J 53.
(34) VITON DE SAINT-ALLAIS (Nicolas), Annuaire historique, généalogique et héraldique de l'ancienne noblesse de France, p. 43-57. AD de l'Ain, 100 J : voir notamment la pièce intitulée Lettres patentes des armoiries, titres en forme et témoignages d'une partie des auteurs qui ont traité de la famille de Ferrari, originaire de Milan rédigée dans le cadre du procès opposant Etienne Lambert de Romans-Ferrari à M. Jacob de la Cottière.
(35) AD de l'Ain, 248 J 29.
(36) CLERJON, Histoire de Lyon, t. 3, p. 337-339 et PERNETTI (Jacques), Les Lyonnois dignes de mémoire, t. 1, p. 288.
(37) AD de l'Ain, 248 J 29.
(38) Voir les mentions de César Ferrari et Françoise Orset dans les sources complémentaires et orientations bibliographiques.
(39) AD de l'Ain, 248 J 48. Livre d'enregistrement des naissances.
(40) AD du Rhône, archives hospitalières, E 40 et E 1501. AD de l'Ain, 100 J, voir le mémoire de production de titres de famille confié à l'architecte George.
(41) AD de l'Ain, 248 J 50.
(42) AD de l'Ain, 248 J 50.
(43) AD de l'Ain, 248 J 50 et 51.
(44) AD de l'Ain, 248 52 et 55.
(45) RIVERIEULX-VARAX (Paul de), Un livre de Famille. Généalogie des Riverieulx, p. 23.
(46) AD de l'Ain, 248 J 52. Les 30 000 livres restantes devant être prélevées sur le négoce de Laurent Félix Mayeuvre, beau-frère de Claude César de Ferrari.
(47) AD de l'Ain, 100 J. Mémoire de production de titres de famille confié à l'architecte George.
(48) AD de l'Ain, 248 J 48. Livre d'enregistrement des naissances.
(49) AD de l'Ain, 248 J 52 et 64.
(50) On peut retenir le créneau 1715-1724 car le baptême d'Etienne Lambert, en 1714, a eu lieu à Saint-Paul et la première mention de l'immeuble, place Louis le Grand, date de 1724 dans le testament de Claude César. Sur la localisation, voir 248 J 64 (testament d'Etienne Lambert de Romans-Ferrari) et 248 J 52 (testament et codicilles de Claudine de Riverieulx).
(51) Revue du Lyonnais, Petit précis historique sur le tènement de Bellecour, vol. 25 p. 138. Le sieur de Saint-Maurice a vendu en 1722 au sieur Ferrari […], le tiers qu'il s'était réservé dans la rente noble de Bellecour, à lui remise par le Consulat en 1661, ainsi que la rente noble de Villeneuve-le-Plat ; et que ledit sieur de Ferrari, ayant élu en ami le sieur de Riverieulx, le tiers de la rente noble de Bellecour, de même que ladite rente noble de Villeneuve-le-Plat, étant dans la suite tombée en partage à la dame de Riverieulx, femme dudit sieur de Ferrari ; ces derniers les ont vendus en 1732 au Consulat.
(52) AD de l'Ain, 248 J 56.
(53) AD de l'Ain, 248 J 53.
(54) AD de l'Ain, 248 J 54.
(55) VARAX (Humbert de), op. cit., t. 1, p. 408.
(56) AD de l'Ain, 248 J 115. Buenans, à proximité de Châtillon-sur-Chalaronne.
(57) AD de l'Ain, 248 J 33.
(58) AD de l'Ain, 248 J 52. AD du Rhône, 10 C 1274 (table des testaments).
(59) AD de l'Ain, 248 J 52.
(60) AD de l'Ain, 248 J 62.
(61) AD de l'Ain, 248 J 63.
(62) AD de l'Ain, 248 J 62.
(63) AD de l'Ain, 248 J 30.
(64) Les archives relatives à cette procédure sont conservées aux Archives départementales de l'Ain, dans le fonds 248 J, mais aussi dans le fonds 100 J. Cette dispersion peut s'expliquer par le fait qu'un membre de la famille Romans-Ferrari (probablement Guillaume César ou Guillaume François Hippolyte) ait confié à l'architecte George une partie des papiers relatifs au procès afin qu'il s'en serve pour établir un arbre généalogique.
(65) AD de l'Ain, 248 J 65.
(66) AD de l'Ain, 248 J 65.
(67) Bibliothèque municipale de Lyon, fonds ancien, MS PA 79, p. 1.
(68) Bibliothèque municipale de Lyon, fonds ancien, MS PA 79, p. 6. SORDET (Yann), L'amour des livres au siècle des Lumières, Pierre Adamoli et ses collections, p. 74. La bibliothèque Adamoli a été léguée à l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Lyon (voir AD du Rhône, D 449 à 452).
(69) AD de l'Ain, 248 J 29 et 65.
(70) AD de l'Ain, 248 J 65.
(71) AD de l'Ain, 248 J 65. Aubert de La Chesnaye des Bois note dans sa généalogie des Varax, volume 6, p. 286-287, que Philibert de Varax eut Romans à titre de comté par concession du duc de Savoie Emmanuel Philibert par lettres du 10 mai 1555. En outre, on trouve dans le présent fonds plusieurs actes produits entre 1697 et 1706 (dont un arrêt du parlement de Bourgogne et un fragment de terrier) où Claude de Lyobard est mentionné comte de Romans. Enfin, l'article 4 B 469 conservé aux Archives départementales de l'Ain comprend des actes de justice produits entre 1756 et 1760 mentionnant la justice ou le juge du comté de Romans et où Etienne Lambert de Ferrari est défini comte de Romans et ce, avant l'obtention des lettres d'érection.
(72) AD de l'Ain, 248 J 30 et 31.
(73) AD de l'Ain, 248 J 30. Voir la transcription en annexe.
(74) Pour les actes de justice du Châtelard, voir : AD de l'Ain, 46 B.
(75) Droit de police visant la bonne conservation des fruits et des biens de la terre.
(76) Droit permettant au seigneur de contraindre les habitants à la garde du château.
Les biens mobiliers n'apparaissent pas dans les dénombrements. Toutefois, le chercheur pourra s'orienter vers les inventaires dressés en 1776, après le décès d'Etienne Lambert de Romans-Ferrari, au château de Romans (AD de l'Ain, 4 B 683) et à son domicile place Bellecour (AD de l'Ain, 248 J 64).
(77) AD de l'Ain, 248 J 73.
(78) AD de l'Ain, 248 J 73 et 77.
(79) AD de l'Ain, 248 J 73 et AD du Rhône, 2 E 86.
(80) AD de l'Ain, 248 J 64 et 76.
(81) AD de l'Ain, 5 L 2, 29 octobre 1790.
(82) AD de l'Ain, 248 J 114.
(83) AD de l'Ain, 5 L 2, 29 mars 1793.
(84) AD de l'Ain, 2 L 32, 2 L 35, 5 L 2, 5 L 4. Réimpression de l'ancien moniteur (mai 1789-novembre 1799), t. 21, p. 283 : mention du jugement du tribunal criminel révolutionnaire prononçant, le 28 messidor an II, la condamnation à mort de Pierre Pinet, âgé de 51 ans, ex-agent de Ferrary, émigré ex-noble à Romans.
(85) AD de l'Ain, 5 L 2, 29 juin 1793, 5 L 4, 12 brumaire an IV.
(86) AD de l'Ain, 248 J 114 et 5 L 3, 3 avril 1794.
(87) AD de l'Ain, 248 J 114 et 5 L 3, 3 avril 1794.
(88) AD de l'Ain, 5 L 46, 2 L 189 et 248 J 114.
(89) AD de l'Ain, 5 L 3, 28 novembre 1794, 5 L 4, 12 brumaire an IV.
(90) AD de l'Ain, 5 L 3, 12 janvier 1795.
(91) AD de l'Ain, 5 L 3, 17 janvier 1795.
(92) AD de l'Ain, 5 L 3, 17 janvier 1795. Voir aussi au 5 L 32 pour l'enregistrement des certificats de résidence.
(93) AD de l'Ain, 5 L 4.
(94) AD de l'Ain, 5 L 4, 3 mars 1795.
(95) AD de l'Ain, 5 L 4, 15 mai et 3 novembre 1795. Les documents font apparaître la récupération de bois, de linge de maison, de matériel de cuisine, de pièces d'argenterie et de meubles, de grains, de plomb et de fer, deux fusils doubles, un fusil simple, un fusil d'enfant, deux canardières, un pistolet, un couteau de chasse, huit épées à poignée en cuivre, une giberne, un couteau de chasse, deux petits canons en cuivre montés sur leur affut et deux autres canons en cuivre.
(96) ARTAUD (François), Ancienne statue équestre de Louis XIV à Lyon, p. 2 et 17.
(97) MONFALCON (J.B.), Histoire de la ville de Lyon, t. 2, p. 1015-1016. CHAMPDOR (Albert), Les Grandes heures de Bellecour, p. 112. Dans cet ouvrage, la destruction de Bellecour est datée du 2 novembre 1793 et non pas du 26 octobre. Il est mentionné par ailleurs que la première maison détruite a été celle des Cholier de Cibeins.
(98) AD du Rhône, 2 E 4. Acte de naissance de Pierre Jules de Ferrari, le 28 octobre 1793. Guillaume César est absent au moment de la rédaction de l'acte. L'enfant est présenté par Jean-Baptiste Laurent, officier de santé.
(99) AD de l'Ain, 248 J 73.
(100) AD de l'Ain, série O (en cours de classement), Romans, 2 O 1.
(101) AD de l'Ain, série O (en cours de classement), Romans, 2 O 4. Voir aussi à la cote 3 E 20913 la mention de la démolition du clocher de Romans durant la Révolution. De 1817 jusqu'en 1897, les différents comtes de Romans, en tant que maires, s'attacheront à reconstruire et entretenir le presbytère et l'église. Notons aussi le legs de Guillaume César de Ferrari qui offre un bâtiment et un terrain pour l'installation du presbytère, ainsi qu'un don de 2000 francs de Guillaume François Hippolyte pour la reconstruction du clocher.
(102) AD de l'Ain, série O (en cours de classement), Romans, 2 O 1.
(103) AD de l'Ain, série O (en cours de classement), Romans, 2 O 1.
(104) AD de l'Ain, 100 J. Correspondance avec l'architecte George.
(105) SAINT-PIERRE (Dominique), Dictionnaire des hommes et des femmes politiques de l'Ain, p. 417.
(106) AD de l'Ain, 100 J. Correspondance avec l'architecte George.
(107) AVEZE D', La Bresse, sa culture et ses étangs ou description historique et locale de la Bresse, p. 72-75.
(108) AD de l'Ain, 100 J. Correspondance de l'architecte George, lettre du 4 février 1835
(109) AD de l'Ain, sous-série 3 Q (non-cotée), Bureau de Châtillon-sur-Chalaronne, Mutations par décès, vol. 32, f° 31 v° (20 mars 1837) concernant le décès de Guillaume César de Romans Ferrari. Le testament olographe du 1er juillet 1826 a été enregistré à Châtillon-sur-Chalaronne le 14 décembre 1836.
(110) AD de l'Ain, 248 J 73. La minute de l'acte de partage du 1er mars 1837 est conservée sous la cote 3 E 2399.
(111) AD de l'Ain, 100 J. Correspondance de l'architecte George, lettre du 31 septembre 1836.
(112) AD de l'Ain, 3 E 23999. Il a été plié quatre morceaux de papier d'égale grandeur […] Ils ont tous été pliés, jetés dans un chapeau et agités et enfin tirés au sort par l'effet duquel le premier lot est arrivé à M. François Guillaume dit Hippolyte de Ferrari, le second à M. Charles de Ferrari, le troisième à M. Pierre Jules de Ferrari, représenté par M. Agniel de Chenelette et le quatrième par Mme du Bourget. Les documents de travail de l'architecte sont conservés dans le fonds 100 J.